Pour ceux qui me connaissent, j’ai plutôt le pouce vert dans mes jardins et une passion marquée pour la nature. Mes nombreux moments de contemplation me conduisent à plusieurs réponses à mes grands questionnements. Récemment, j’ai eu à remplacer un arbre dans mon jardin. Il était malade depuis un certain temps et l’espèce, un prunier, reconnu pour ce problème. Et ça m’a fait penser aux enjeux que rencontrent les organisations et les personnes que je rencontre et qui font face aux erreurs et aux événements indésirables qui surviennent. Voici le fruit de cette analogie.
Nous avons souvent tendance à chercher le coupable plutôt que d’établir les causes d’une erreur commise ou d’un événement indésirable qui survient. Cette attitude négative face à l’obstacle installe malheureusement la personne dans une condition de fermeture, tant chez l’accusateur que l’accusé et n’optimise pas la réflexion sur les FAITS. On reste dans l’émotion négative et on s’y installe, bien ancré à ses convictions respectives. C’est comme s’acharner à faire pousser un arbre mort. On n’aboutit à rien, malgré les efforts. Mais comment arriver à un résultat différent?
Prenons pour exemple, cette histoire banale qu’un client vient tout juste de me raconter. Il s’agit de la personne ayant pris une initiative et à qui il est arrivé un accident. Quel fut, selon vous, le réflexe immédiat des gens lors de l’analyse de l’événement indésirable? On a dit que c’était arrivé parce que la personne avait pris une initiative, qu’elle n’avait pas à faire cela et que si elle ne l’avait pas fait, il n’y aurait jamais eu d’événement. On l’accusa donc de prendre des initiatives et on lui demanda de ne plus en prendre. Factuellement, était-ce bien l’initiative qui était en cause et la personne, coupable d’avoir pris une initiative? La réponse à ces deux questions est tout simplement non. En effet, si elle avait reçu la consigne d’exécuter la tâche, l’événement se serait tout de même produit puisque la personne n’est pas coupable d’avoir pris une initiative. Elle est simplement responsable de ne pas avoir tout mis en œuvre pour l’exécuter de façon sécuritaire, qu’elle soit initiée ou demandée. La cause fondamentale de l’événement en question n’est donc pas l’initiative comme telle, mais les conditions d’exécution.
Factuellement, le message à livrer à cette personne n’est donc pas de ne plus prendre d’initiative, ce qui aurait pour effet d’éteindre la flamme qui anime plusieurs d’entre-nous. Bien au contraire! Il faut l’encourager à poursuivre ses initiatives tout en comprenant, de part et d’autre, les conditions qui font qu’on puisse omettre, elle ou une autre personne, de mettre en place les conditions sécuritaires pour ce faire. À partir de là, tout devient possible. Dans une telle dynamique, les idées fusent et la personne se sent engagée dans la solution qu’elle identifie ou convient pendant la discussion. Elle devient par conséquent plus apte à la mettre en œuvre, et ce, à chaque fois…initiative ou pas.
Faut donc briser nos paradigmes et apprendre à penser et à faire autrement. Comme l’écrivait Rita Mae Brown dans Sudden Death (1983), et non pas Einstein comme plusieurs et moi-même le croyions (1): « la folie consiste à refaire sans cesse la même chose, mais en espérant un résultat différent. »
Allez! Remplacez l’arbre mort et repartez à zéro. Faites-en pousser un qui a plus de chances de réussite que le prunier, et améliorer les conditions dans lesquelles il poussera. Voilà un changement de stratégie et par conséquent, un changement de résultat. Sortez de la culpabilité et restez dans les faits. Ça portera fruit, parole de jardinière.
(1) https://www.quebecscience.qc.ca/normand-baillargeon/le-jeu-des-citations-avec-albert-einstein/, consulté le 7 août 2019